vendredi 6 septembre 2013

Qui pour gerer nos hopitaux?


La gestion des infrastructures hospitalières publiques laisse à désirer. Le tableau que l’état de ces infrastructures nous offre est capable de pousser l’ire de toute personne au summum. Des murs lézardés,  des escaliers vétustes, des toilettes mal entretenues, des ascenseurs éternellement aux arrêts, des fresques nées de l’étanchéité du toit trônant un peu partout.
Aussi, L’amateurisme se lit dans l’allocation des locaux. A l’hôpital national Donka, Les services de traumatologie sont installés au 4e étage de l’ancien bloc d’immeuble. C’est aux patients de trouver les moyens d’y accéder avec ou sans béquilles. Les ascenseurs étant hors service, les garçons de salles et les brancardiers se sont transformés en porteurs à mains nues ou avec des brancards moyennant payement d’une somme d’argent qui équivaut parfois à celle indiquée pour la consultation.
Dans le second bloc d’immeuble du même hôpital, les cages d’escaliers sont utilisées à tour de rôle et rien n’est fait pour qu’elles  soient éclairées de nuit même quand le rarissime courant électrique est là. La responsabilité du directeur  de l’hôpital restant engagé en cas d’accident si la loi est appliquée. Ce qui n’est jamais le cas  parce qu’il n’y a pas eu de plainte par manque d’information des victimes ou le procureur n’a pas jugé utile de déclencher l’action publique consacrant ainsi l’impunité.
Il est temps que nous mettions de coté l’amateurisme,la mauvaise répartition des ressources et les passations de marchés publics où les bénéficiaires des œuvres ne sont jamais consultés.



Plaidoyer pour le patrimoine historique architectural

De quel patrimoine architectural pouvons-nous nous prévaloir dans quelques années avec la frénésie de la modernisation mal conçue qui nous tient au collet ? 
Cette question mérite d’être posée à nos dirigeants 
Dans le cadre du programme de rénovation du bâtiment qui l’abrite, La direction générale du patrimoine bâti public a récemment aménagé dans ses locaux précisément dans le hall un espace où des photos de bâtiments, rues et endroits symboliques de la capitale Conakry ainsi que de quelques villes de l’intérieur du pays sont exposées. De ces images vieilles parfois de plus d’un siècle  se dégage une âme. Leur observation a comme un  pouvoir mystique de réveiller chez ceux qui en font l’expérience et qui arrivent à reconnaitre ces bâtiments, rues et endroits les sentiments que seul "chez soi" sait faire naitre et entretenir.
Malheureusement certains de ces bâtiments, rues et endroits ne sont plus reconnaissables aujourd’hui. Prenons par exemple les bâtiments, ils seraient tombés en ruine par suite d’abandon ou ils auraient été démolis au profit d’immeubles soi-disant modernes.
La présidence de la république (Sekhoutoureya) qui était une immense bâtisse coloniale d’une grande richesse architecturale empreinte d’histoire a disparu au profit d’une autre bâtisse sans qu’il ait eu lieu un débat de fond. L’hôtel Niger en plein centre de la presqu’ile de Kaloum a été démoli, à sa place il sera construit un autre hôtel et rien n’indique qu’il sera fait une référence à l’architecture d’origine .A Kindia, la ville des agrumes qui est située à 135 Km  de la capitale, les locaux qui abritaient la compagnie française de l’Afrique Occidentale Française (AOF) ont laissé place à un centre commercial qui serait juste un assemblage de boutiques n’obéissant à aucune architecture respectable. Dans la même rue, il y avait des immeubles datant de la période coloniale qui ont disparu enlevant ainsi à cette rue un pan de son histoire. Sans le bâtiment de la poste et deux autres qui tiennent encore sur le même alignement, cette rue qui est la rue principale de Kindia aurait perdu toute trace de ce qu’elle était au temps de la colonisation et même de la première république.
Il faut préciser que parler de la colonisation ne serait en rien lui faire un quelconque procès, elle est une partie intégrante de notre histoire.
Des chemins de fer, des gares il ne reste rien qu’un spectacle de désolation. Si la cité chemin de fer a disparu à Kaloum , si les gares sont soit en ruine soit reconverties à d’autres fins , les rails eux  en bien d’endroits ont disparu , leurs tracés souffriraient même d’identification dans certaines agglomérations hors de Conakry du fait de l’occupation anarchique des parcelles. La disparition du Conakry-Niger a laissé un grand vide dont on peut saisir certains contours en lisant le récit que l’écrivain guinéen, le natif de Kouroussa, Camara laye a fait de son voyage de retour dans son roman Dramous .Les mouvements sociétaux, l’économie nationale, la tradition et la modernité sont restés pendant longtemps tributaires de ces chemins de fer.
Cependant, quelques exemples de bâtiments ayant défié la grande soif de modernisation à tout bout de champs sans respect et considération de la conservation du patrimoine historique architectural méritent d’être cité. Le palais du 27 aout, témoin des discours du général De Gaulle lors de sa tournée de 1958 en l’Afrique Occidental Française ainsi que celui du maire de Conakry de l’époque, le président Ahmed Sekou Touré, est un des meilleurs exemples de sauvegarde et d’entretien du patrimoine. Le carré ou se trouvent la pharmacie Printania et les locaux de l’office guinéenne de publicité est aussi un exemple éloquent. L’école primaire du centre sur le côté opposé à ce carré garde encore ses traits d’origine  malgré tous les projets de rénovation dont elle a fait objet. A cette liste, on peut ajouter l’ensemble de pavillons qui constitue l’hôpital National Ignance Deen qui perd son jardin abandonné depuis belle lurette au profit d’un hôtel. Bien d’autres cas existeraient à travers le pays.
Toutefois, une cartographie du patrimoine architectural doit être établie. A ce travail, le Ministère de la Culture, des Arts et du Patrimoine Historique ainsi que celui de l’Urbanisme et de l’Habitat doivent s’atteler urgemment. Et une politique de conservation et de sauvegarde du patrimoine historique architectural à laquelle les élus et administrateurs locaux seront associés de la conception à la mise en œuvre devrait être mise en exergue à cet effet.
Cette politique commandera tout programme de développement et ou de modernisation de nos villes. La modernisation de nos villes ne saurait être une altération de leurs identités dont le patrimoine historique architectural est un des éléments constitutifs.
La ville de paris, par différentes politiques de conservation et de sauvegarde, a su, à travers des siècles, s’ouvrir à la modernisation tout en restant respectueuse de son identité. C’est un bon exemple de développement harmonieux d’une ville.